Contexte

L’étude des micropolluants et résidus de médicaments dans un cadre large et transfrontalier

La préservation de la ressource en eau est primordiale autant pour des aspects sanitaires qu’environnementaux.  Aussi, la présence de résidus de médicaments et de produits de diagnostic dans les milieux aquatiques et plus particulièrement dans les eaux destinées à la consommation humaine est une préoccupation internationale majeure.

Du côté français, suite au Grenelle de l’Environnement et au plan national santé environnement (PNSE-2), un plan national sur les micropolluants et un plan spécifique sur les résidus de médicaments (PNRM) ont été initiés par les ministères chargés de la santé et de l’environnement. La Suisse est également active sur ces thématiques et a lancé dès 2006 avec l’OFEV (Office Fédéral de l’Environnement), le projet «Stratégie MicroPoll» afin d'élaborer une stratégie pour diminuer les micropolluants dans les eaux usées traitées communales.

Le projet SIPIBEL (Site Pilote de Bellecombe sur les effluents hospitaliers et stations d'épuration urbaines) est une amorce opérationnelle du PNRM, porté par la Syndicat de Bellecombe et le Graie. Mis en place en 2011, ce dispositif d’observation et de recherche est structuré autour de trois thèmes : caractérisation des effluents, évaluation des risques environnementaux et sanitaires et analyse de la traitabilité des effluents. Ce site constitue un bassin expérimental exceptionnel du fait de sa configuration physique (voir le site du projet).

 

Le site pilote de Bellecombe (Degrémont Suez, 2011) La station d'épuration de Bellecombe


Il est composé :

- du Centre Hospitalier Alpes Léman (CHAL), mis en service en février 2012,

- de la station d’épuration de Bellecombe, avec deux files de traitement distinctes permettant d'isoler les effluents hospitaliers,

- et d'un milieu récepteur : la rivière Arve, qui alimente une partie des ressources en eau destinée à la consommation humaine du bassin genevois

Cependant, conscient de ne pas étudier tous les compartiments du cycle de l’eau, à savoir la gestion de la ressource en eau potable, le Syndicat de Bellecombe, le Graie et le Syndicat Mixte de l’Arve et de ses abords se sont rapprochés des autres acteurs du territoire, afin d'étudier l’opportunité d'un projet transfrontalier qui traiterait cette question en appui sur la dynamique du projet SIPIBEL.

L’utilisation commune de la ressource en eau potable de la nappe du Genevois, de part et d’autre de la frontière, implique une gestion cohérente et concertée. La très forte pression démographique sur ce secteur renforce cette nécessité : quelques 15 millions de m3 d’eau sont prélevés par an dans 14 puits de ce territoire (9 en Suisse et 5 en France).

Le lien transfrontalier devient évident quand on sait que l’Arve est utilisée pour réalimenter artificiellement la nappe à un volume de 9 millions de m3 par an soit 60% du débit prélevé. Lancé au début des années 1970 parce que le niveau de la nappe souterraine s’abaissait à cause des besoins grandissants de la région, et accéléré par la sécheresse de 1976, un projet transfrontalier a abouti à la construction sur territoire suisse (Vessy) d’une station de réalimentation de la nappe au moyen d’eau prélevée dans l’Arve puis filtrée. La commission internationale de gestion de la nappe du genevois, qui réunit régulièrement les acteurs locaux suisses et français en charge de gérer et d’exploiter cette ressource, coordonne depuis lors la réalimentation et les prélèvements d’eau. C’est un exemple internationalement reconnu de collaboration transfrontalière en matière de ressource eau.

Schéma de la station de Vessy de réalimentation de la nappe du Genevois, gérée par les Services Industriels de Genève (SIG) - Cliquer sur le schéma pour le voir en grand


Les installations de réalimentation artificielle de la nappe de l'Arve sont dotées d’analyseurs en continu de la qualité des eaux de la rivière, de manière à pouvoir arrêter immédiatement et automatiquement la réalimentation en cas de pollution de l'Arve. Ces contrôles, réalisés à 1,5km en amont de la prise d’eau, portent sur la turbidité, différents métaux lourds, les détergents, les hydrocarbures et les matières organiques. Parallèlement, un laboratoire analyse chaque semaine des échantillons d’eau prélevée avant et après traitement par la station de Vessy.

Le contexte transfrontalier est particulièrement impactant sur le thème des micropolluants du fait de politiques et stratégies très différentes dans ce domaine entre les deux pays. La solidarité entre l’amont et l’aval a donc tout intérêt à être renforcée sur cette problématique des micropolluants pour que l’amélioration qualitative de la ressource soit faite avec les meilleures solutions techniques et financières mobilisables en France comme en Suisse.   

Toutes les conditions étaient donc réunies pour bâtir un projet Interreg franco-suisse sur cette problématique.

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Objectifs et moyens mis en œuvre

Objectifs et résultats

Le projet IRMISE Arve aval porte sur l'Impact des Rejets de Micropolluants (et résidus de médicaments) Issus de Stations d'Epuration sur l'aval du bassin versant de l'Arve et la nappe du genevois.

La finalité de ce projet qui s'est déroulé de 2012 à juin 2015, visait à mieux connaître et maîtriser les risques de pollution des eaux de l'Arve et de la nappe du Genevois par les micropolluants, notamment par les résidus de médicaments et détergents/biocides liés à la santé. Il s'agit de pérenniser la qualité de la ressource en eau potable de ce bassin de vie transfrontalier.

Un premier objectif du projet était d'identifier et de quantifier la pollution en micropolluants rejetée par les STEP du bassin versant de l'Arve et retrouvée dans le milieu aquatique (Arve, Rhône et nappe du Genevois). Il s’agissait de mettre en évidence les risques associés à la pollution des ressources en eau par les micropolluants, notamment vis à vis de la potabilité. Le projet visait également à formaliser les enjeux, identifier les points de blocage et leviers, et définir les priorités et solutions de réduction à la source et/ou traitement à mettre en œuvre, si les risques sont avérés. Enfin, le projet a permis de bâtir les éléments de base nécessaires au déploiement d’une communication et sensibilisation efficace sur cette thématique et à une meilleure synergie entre les différents acteurs clés de ce territoire (chercheurs, opérationnels, collectivités, citoyens).

Territoire du projet franco-suisse IRMISE Arve aval


Les principaux résultats de ce projet sont :

-d’une part, une meilleure connaissance des flux de résidus de médicaments et de détergents/biocides liés aux activités de santé, et de leur impact sur le milieu et la ressource, ainsi que des pressions actuelles et à venir

-d’autre part, une étude stratégique et intégrative, proposant différents scénarios de gestion de l’eau vis-à-vis de cette problématique, avec la recherche de solutions préventives et curatives et une première analyse socio‐économique.

Moyens mis en œuvre

Pour ce faire, le projet comportait 4 volets (voir la page "Le projet" ) :

Volet 1 - Un observatoire des micropolluants dans l'eau, recherchés dans les effluents de stations d'épuration, l'Arve, le Rhône et la nappe du Genevois.

Volet 2 - Une étude de modélisation permettant d'estimer les flux de micropolluants en fonction des consommations, des caractéristiques du bassin d'apport et du système d'assainissement.

Volet 3 ‐ Une étude stratégique qui met en perspective les autres actions du projet et doit aboutir à l’élaboration de scénarios de gestion de l’eau et des flux de micropolluants, avec une première approche sociale et technico-économique.

Volet 4 ‐ Un volet animation et communication, comportant notamment l'organisation d'une conférence Eau & Santé les 26-27 mars 2015 sur les médicaments dans le cycle urbain de l'eau, permettant de valoriser les résultats des projets IRMISE et SIPIBEL et d’autres expériences dans le domaine.



Une assise forte dans le territoire

IRMISE a été bâti en appui sur les acteurs du territoire responsables de la gestion de l’assainissement, du milieu et de la ressource en eau en France et en Suisse. Tous ne sont pas engagés dans le montage administratif du projet Interreg, mais chacun d’entre eux est un partenaire essentiel du projet dans son ensemble :

PARTENAIRES COMPETENCES EN LIEN AVEC LE PROJET
Syndicat Mixte d'Aménagement de l'Arve et de ses Abords (SM3A) - Gestionnaire de la rivière Arve, qui alimente la nappe du Genevois et rejoint le Rhône
Annemasse Les Voirons Agglomération - Exploitant de la STEP d’Ocybèle et de plusieurs puits d’alimentation en eau destinée à la consommation humaine
Communauté de Communes du Genevois - Exploitant de puits d’alimentation en eau destinée à la consommation humaine
Syndicat des eaux des Rocailles et de Bellecombe (SRB), - Exploitant de la STEP de Bellecombe et à l’origine du projet SIPIBEL
L’Etat de Genève - Suivi des milieux naturels
Services Industriels de Genève (SIG) - Exploitant de la STEP de Villette, de la station de Vessy et de plusieurs puits d’alimentation en eau destinée à la consommation humaine
Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman (CIPEL) - la CIPEL a pour mission de favoriser l'amélioration de la qualité des eaux, la satisfaction de certains usages (notamment l'approvisionnement en eau potable, etc.),

Le projet mobilisait également l’INSA de Lyon en tant que partenaire scientifique et s’appuie sur le consortium d’équipes de recherche mis en place dans le projet SIPIBEL. Le Graie a assuré l’animation technique et scientifique du projet, comme il le fait dans le cadre de SIPIBEL.

Enfin le projet a bénéficié du soutien technique et financier de l’Union Européenne (fonds FEDER), de l’Agence de l’Eau RMC, de la Région Rhône-Alpes et de l’Agence Régionale de la Santé (ARS).

(voir la page "Partenaires")

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