Contexte

La présence de résidus de médicaments et de produits de soin dans les milieux aquatiques, et plus particulièrement dans les ressources servant à la production d’eau de consommation humaine, est une préoccupation internationale majeure en raison des enjeux environnementaux, sanitaires, stratégiques et financiers.

Suite au Grenelle de l’Environnement (2007) et au plan national santé environnement (PNSE-2, 2009-2013), un plan national sur les micropolluants (2010-2013) et un plan spécifique sur les résidus de médicaments (PNRM, 2010-2015) ont été initiés par les ministères chargés de la santé et de l’environnement. Le plan PNRM soutient le développement et la structuration de sites-pilotes sur des bassins expérimentaux favorisant la pluridisciplinarité scientifique et technique et la prise en compte des enjeux économiques et sociaux.

En 2010, face à l'obligation réglementaire d'effectuer un suivi des effluents du nouveau Centre Hospitalier Alpes Léman (CHAL), le Syndicat Intercommunal de Bellecombe (exploitant de la station d’épuration) et le CHAL ont sollicité le Graie, structure expérimentée dans l’animation de dispositifs de recherche, et ainsi mobilisé un consortium de scientifiques spécialistes de la thématique.

Le site de Bellecombe - SIPIBEL a été mis en place en 2011 avec pour objectifs de réaliser l'étude de la caractérisation, de la traitabilité et des impacts des effluents hospitaliers en station d’épuration urbaine.

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Territoire et acteurs

Le site pilote de Bellecombe constitue un bassin expérimental exceptionnel du fait de sa configuration physique, des acteurs mobilisés autour de ce projet et de leur capacité à mettre en œuvre des actions d'observation et de recherche.

 

Un site d’expérimentation exceptionnel

Situé sur le département de la Haute-Savoie, à proximité de la frontière suisse, le site pilote est composé :

- du Centre Hospitalier Alpes Léman (CHAL), mis en service en février 2012,

- de la station d’épuration de Bellecombe, avec deux files de traitement distinctes permettant d'isoler les effluents hospitaliers,

- et d'un milieu récepteur : la rivière Arve, qui alimente une partie des ressources en eau destinée à la consommation humaine du Genevois.

Actuellement, le Syndicat Intercommunal de Bellecombe gère 230 km de réseaux et la station d’épuration mise en service en 1979. Avec une capacité de 5 400 équivalents habitants (EH), elle a été agrandie en 1995 pour porter sa capacité à 16 000 EH. En 2009, elle a fait l’objet d’une nouvelle extension à 32 000 EH.

 


 

Ces travaux d’extension ont été en partie justifiés par la création du nouveau centre hospitalier. Le rejet de cet établissement de près de 500 lits a été estimé à 2 000 EH. Un réseau, distinct du réseau domestique existant à proximité du site de l’hôpital, a été construit de façon à acheminer ces effluents directement vers la STEP, séparément des effluents domestiques. Cet ensemble unique permet de développer un programme d’étude particulièrement intéressant en réalisant des expériences pouvant à volonté mélanger ou non les effluents de l’hôpital avec ceux du réseau urbain.

 

CHAL
Le centre hospitalier Alpes Léman La station d'épuration de Bellecombe
 

Des partenaires engagés et volontaires

Le Syndicat Intercommunal de Bellecombe et le GRAIE se sont rapprochés en 2010 et ont mobilisé leurs réseaux pour monter le projet au point du vue technique et financier.

SIPIBEL a ensuite été construit avec les acteurs du territoire (gestionnaires de l’assainissement, du centre hospitalier, du milieu naturel et de l’eau potable), des laboratoires publics de recherche de renommée internationale, l’industriel concepteur de la STEP de Bellecombe et des partenaires institutionnels (voir page Partenaires).

 

acteurs
reunion

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Enjeux d'observation et de recherche

Un dispositif structuré

SIPIBEL est structuré en trois volets :

- un observatoire qui a pour vocation d’assurer le suivi des effluents urbains et hospitaliers et de leurs impacts sur le milieu récepteur suite à l’ouverture du nouvel hôpital (voir page Observatoire), Il comprend des campagnes de mesures régulières et des études ponctuelles.

- des actions de recherche développées en appui sur l’observatoire, et structurées dans le programme de recherche de Sipibel selon quatre axes : 1- connaissance des flux ; 2- procédés de traitement, 3- analyse des risques et 4-sociologie et changement de pratiques. Ces actions sont élaborées pour répondre aux grandes questions de connaissances et de stratégies identifiées dans les différents plans nationaux et régionaux en cours de mise en œuvre (voir page Recherches),

- une cellule d'animation et de valorisation du projet avec un site internet, des publications et des conférences. Elle garantit une animation concertée et intégrée des deux volets observation et recherche, leur inscription dans les plans nationaux et régionaux et l’association à des démarches plus larges de politiques territoriales et d’échanges d’expériences (réseau régional sur la gestion des effluents non domestiques, intervention lors de séminaires, etc).

La distinction de ces trois volets du dispositif vise à en améliorer la lisibilité, notamment vis-à-vis des partenaires, en termes d'objectifs et de rendus.

 

Des enjeux forts

SIPIBEL s'inscrit pleinement dans la mise en œuvre des politiques publiques, locales, nationales et européennes pour la maîtrise des micropolluants et répond directement à certains des objectifs nationaux et régionaux définis dans les différents plans.
Les thèmes retenus pour l'observation et le développement d'actions de recherche en appui sur l’observatoire SIPIBEL, sont :

- la caractérisation des effluents hospitaliers et leur mise en perspective avec les effluents urbains : caractérisation chimique (résidus de médicaments, détergents et biocides), microbiologique (bactéries antibiorésistantes, pathogènes opportunistes) et mesure des effets biologiques afin d'évaluer les risques sanitaires et environnementaux,

- l'analyse de la traitabilité des paramètres spécifiques aux établissements de soin et l'analyse technico-économique de différents scénarios : entre maîtrise des consommations, traitement plus ou moins poussé, traitement à la source ou en station d'épuration, pour les files Eau et Boue,

- l'évaluation de l'impact des rejets sur les milieux récepteurs et des risques associés, environnementaux et potentiellement sanitaires,

- une analyse de la perception de ces problématiques par les professionnels de l’eau et de la santé, et par les citoyens et de leur capacité à agir.

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Les projets en appui

Le site pilote de Bellecombe - SIPIBEL est le support de plusieurs projets d'études et de recherche :

Le projet IRMISE Arve aval (2012-2015)

Souhaitant traiter la question de la gestion de la ressource en eau potable, le Syndicat Intercommunal de Bellecombe, le Graie et le Syndicat Mixte d'Aménagement de l'Arve et de ses Affluents (SM3A) se sont rapprochés des autres acteurs du territoire afin de mettre en place un projet transfrontalier en appui sur la dynamique du projet SIPIBEL :

le projet Interreg franco-suisse IRMISE Arve aval (www.irmise.org).

logoIrmiseArveAval

 

Le projet RILACT (2014-2018)

Le projet RILACT (Risques et Leviers d'Actions relatifs aux rejets de médicaments, détergents et biocides dans les effluents hospitaliers et urbains) a démarré en novembre 2014 en réponse à l’appel à projets national "Innovation et changements de pratiques : micropolluants des eaux urbaines" lancé par l'AFB (ex Onema), les Agences de l'Eau et le Ministère en charge de l'écologie.

 

Le projet MediATes (2015-2017)

MediATeS est un projet d'Animation Territoriale et Sensibilisation à la question des Médicaments dans l'eau. Il a été développé dans la dynamique du site pilote de Bellecombe SIPIBEL et des projets IRMISE Arve Aval et RILACT.

 

Le projet DoMinEau (2016)

L'outil base de données DoMinEau a été développé par le GRAIE à partir de la base de données du réseau européen NORMAN. Il permet :

  • de stocker des données physico-chimiques (classiques et micropolluants) , des données biologiques (microbiologie, bioessais, indices hydrobiologiques) ;
  • de qualifier ces données à partir de différents critères ;
  • le tout développé sous Excel pour être accessible à tous.

 

Et de plusieurs projets de recherches, qui dépassent le cadre du site pilote de Bellecombe :

-Les projets européens PILLS (2009-2012) et NO PILLS (2012-2015) sur les effluents hospitaliers et médicaments dans l'eau, dont l'Université de Limoges est un des partenaires forts.

-Le projet TRIUMPH (2012-2016) sur le traitement avancé des micropolluants par ozonation, piloté par Suez.

-Le projet PERSIST'ENV (2011-2017) sur la persistance environnementale de médicaments et bactéries pathogènes, piloté par l'Institut de Chimie de Poitiers.

 

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